{Des fleurs qui changent le monde} Partie 1- La planète
Cet article est un premier d’une série de trois. C’est aussi le premier d’une longue réflexion entre Skot et moi, mais aussi avec les gens qui gravitent de près ou de loin du projet Pastel: Employés, stagiaires, fleuristes, abonné.es…
Merci à vous, c’est grâce à nos discussions sur le sujet de la fleur coupée et vos encouragements qu’on a eu le courage mais surtout, les mots. Si tu es ici depuis un bout, tu sais qu’on adore partager de l’info sous forme de blogue.
Écrire sur le côté épineux de la fleur coupée conventionnelle et importée est une chose qu’on avait encore jamais faite chez Pastel, depuis sa création en 2020.
Cette série de trois articles se nomme Des fleurs qui changent le monde.
Le monde étant la planète (partie 1)
Le monde étant les gens et la psychologie (partie 2)
Le monde étant la société et la gouvernance (partie 3)
Ces articles se veulent oui engagés, vulgarisés mais surtout mobilisateurs voire allumeurs pour quelque chose de plus grand que notre petite ferme florale.
Les dernières semaines, j’ai puisé dans ma motivation et dérouillé mes aptitudes de femme qui est allée à l’école longtemps pour bien comprendre la question des fleurs importées mais, surtout pour la rendre facilement accessible pour la personne super occupée en toi.
On en savait déjà sur la fleur importée et on en sait maintenant plus depuis qu’on a fouillé dans les articles universitaires. Mais, en rien on a la prétention d’avoir couvert le sujet dans sa totalité.
Sans plus tarder, voici le premier article de cette série.
Des fleurs qui changent le monde, le monde étant la planète.
Pour comprendre l’industrie de la fleur coupée, il peut être facilitant de se référer à l’industrie de la banane, du café ou du cacao de la fin des années 80, avant les certifications de type FaireTrade.
L’image ci-dessous représente l’industrie de la fleur coupée en 2021.
Comme l’illustre le schéma, les fleurs sont surtout produites dans les pays du Sud, à l’exception des Pays-Bas. Elles sont pour la grande majorité vendues aux pays du Nord. Ces fleurs sont aspergées avec des produits chimiques non réglementés, ceux-ci sont dangereux pour les gens qui les produisent, pour les gens qui désignent avec elles et pour ceux qui les achètent. Les produits chimiques utilisés sont aussi néfastes la planète, ses cours d’eau, sa flore et sa faune.
C’est vite dit.
Les sections suivantes vont t’aider à mieux à comprendre ce fameux côté épineux de la fleur coupée importée.
Les fleurs et l’avion
Au Québec, les fleurs coupées qu’on retrouve chez les fleuristes et les épiciers ont 85% du temps pris l’avion provenant surtout de la Colombie, l’Équateur, des Pays-Bas, du Kenya.
Les fleurs sont transportées par des avions cargos réfrigérés à 1,5 degrés pendant en moyenne 6000 km.
Les Pays-Bas représentent la plaque tournante de la fleur. 2 tiges sur 3 transitent par là avant d’être expédiées dans le pays final.
Les fleurs prennent l’avion et reçoivent beaucoup de produits de chimiques…
Les fleurs et les produits chimiques
Les études révèlent que :
Environ 200 produits chimiques sont utilisés lors de la culture des fleurs.
En moyenne, une fleur va avoir reçu 17 produits chimiques différents avant même d’arriver chez le fleuriste.
La plupart des produits chimiques (pesticides, herbicides, fongicides, fertilisants) utilisés sont non réglementés dans les pays producteurs.
La très grande utilisation des pesticides et ses applications dangereuses, pendant que les gens travaillent notamment, expliquent les maladies associées aux travailleuses de l’industrie, floricultrices et fleuristes confondues.
Arrivées à la frontière du pays importateur, les fleurs reçoivent des fongicides et des pesticides de plus afin de prévenir le pays de nouveaux pathogènes.
Les fleurs et les travailleuses
En ce moment, l’industrie de la floriculture repose sur des salaires en dessous du coût de la vie dans les pays du Sud.
Les travailleurs sont surtout des femmes, des femmes enceintes et des enfants.
Les lois qui protègent les travailleuses dans les pays d’Amérique latine et en Afrique sont moins élevées qu’au Canada. Quand des lois existent, il semble qu’elles soient contournées par l’industrie ou encore inconnues des travailleuses.
Les travailleuses sont touchées par des problèmes de santé (respiratoires, reproductifs, dermatologiques), spécifiques à leur profession.
Des certifications existent (Veriflora, Bloomcheck, Fair Trade, Rainforest Alliance). Du chemin est encore à faire côté traçabilité et disponibilité.
Les fleurs prennent l’avion, reçoivent des produits chimiques, reposent sur l’exploitation économique et physique des femmes…
Des solutions s’offrent à nous
La crise climatique a déjà été résolue. On connait déjà les faits et les solutions. La seule chose qu’on doit faire s’est se réveiller et changer.
-Greta Thunberg
Greta Thunberg a raison. On sait comment cultiver de belles fleurs coupées sans produit chimique. C’est vrai chez Pastel, mais aussi partout dans le monde.
La solution devient évidente : Acheter des fleurs cultivées dans un rayon de 250 km, et sans produit chimique.
Selon les chercheurs de l’Université de Washington, c’est le seul moyen écologique et éthique de profiter des bienfaits des fleurs, sans leur côté épineux.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que les fermes florales sont de plus en plus communes au Québec. Surtout depuis les cinq dernières années.
Si t’es du bas du fleuve
Chez Pastel, on distribue nos fleurs fraîches entre Matane et Rimouski durant 8 mois par année.
Si tu aimes vraiment beaucoup les fleurs et que cet article résonne en toi, l’abonnement floral PASTEL est TA solution.
L’abonnement c’est 10 bouquets, sans pesticide, sans avion, sans culpabilité.
Les inscriptions pour les abonnements ouvrent le 1er février. Assure-toi d’être sur notre infolettre pour recevoir la notification.
Si tu es ailleurs au Québec
Google ferme florale + ta ville. Les chances que tu trouves des fleurs cultivées dans un rayon de 250 km sont élevées. Même que les chances que tu puisses toi aussi t’abonner sont aussi élevées. Janvier-février est le moment où pas mal toutes les fermes prennent les inscriptions pour les ‘’paniers’’ de fleurs.
Tu dois organiser un événement important avec des fleurs et c’est l’hiver?
Comme un décès par exemple. Demande à ta fleuriste des fleurs de l’Ontario. Beaucoup de producteurs produisent l’hiver sous serre. La fleur aura oui des produits chimiques mais sera probablement sans fongicide, aura fait un voyage plus court et va être nettement plus éthique.
Est-ce que je vais payer plus cher pour des fleurs locales ?
Oui, environ 5%. Sur un bouquet de 40$, ça représente 2$.
C’est commun. Plusieurs personnes s’imaginent qu’acheter des fleurs locales est beaucoup plus cher que les fleurs importées.
En toute transparence, on demande 30% plus pour nos fleurs aux fleuristes par rapport au prix d’importation. Ça couvre les frais de main d’œuvre et des intrants biologiques plus élevés. Au moins 95% des fleurs Pastel livrées chez le fleuriste sont utilisables. Comparativement à 70% des tiges importées. Donc, les fleurs locales telles que cultivées chez Pastel sont environ 5% plus cher.
Pour te donner une idée, un bouquet de fleurs fraîches de type abonnement proposé par les fermes florales varie entre 30$ et 50$, livraison dans ta vile incluse.
En espérant que ce premier article t’aie ‘‘allumée’’ sur le monde de la fleur coupée conventionnelle.
Promis, les deux autres articles de cette série sont beaucoup plus légers et porteurs de belles nouvelles.
Inscris-toi ici si tu veux recevoir les prochains articles directement dans ta boîte courriel.
Skot et moi on te remercie d’avance pour ton non jugement dans cette démarche ouvertement engagée et somme toute, nouvelle pour nous, chez Pastel.
Et on te laisse avec un résumé de cette partie 1.
Des fleurs qui changent le monde - la planète
Texte par Ora-Maggie, copropriétaire de Ferme Pastel.
Infographie par Ora-Maggie et Skot, propriétaires de Ferme Pastel
Photo par Nancy Guignard, Atelier Camion et Ferme Pastel.
Ressources consultées
Ho, R., Yaris, A., Sanders, M., & Watterson, S. (2019). Sustainable Flowers, Fall 2019.
Hanssen, V. M., Nigatu, A. W., Zeleke, Z. K., Moen, B. E., & Bråtveit, M. (2015). High prevalence of respiratory and dermal symptoms among Ethiopian flower farm workers. Archives of environmental & occupational health, 70(4), 204-213.
Jurewicz, J., Kouimintzis, D., Burdorf, A., Hanke, W., Chatzis, C., & Linos, A. (2007). Occupational risk factors for work-related disorders in greenhouse workers. Journal of Public Health, 15(4), 265-277.
Mekonnen, M. M., Hoekstra, A. Y., & Becht, R. (2012). Mitigating the water footprint of export cut flowers from the Lake Naivasha Basin, Kenya. Water resources management, 26(13), 3725-3742.
Pereira, Parente, Carvalho, Torres, Meire, Dorneles, Malm, (2021) A review on pesticides in flower production: A push to reduce human exposure and environmental contamination, Environmental Pollution, Volume 289.
Raynolds, L. T. (2021). Gender equity, labor rights, and women’s empowerment: lessons from Fairtrade certification in Ecuador flower plantations. Agriculture and Human Values, 38(3), 657-675.
Raynolds, L. T. (2022). Can certification increase trade fairness and worker empowerment? Lessons from Fairtrade International-certified plantations in Ecuador. International Sociology, 02685809221103598.
Rebecca Thörning, Åsa Klintborg Ahlklo, Sara Spendrup (2022), The Slow Flower Movement – exploring alternative sustainable cut-flower production in a Swedish context, Heliyon,Volume 8, Issue 10.
Riisgaard, L. (2009). Global value chains, labor organization and private social standards: Lessons from East African cut flower industries. World Development, 37(2), 326-340.
Toumi, K., Joly, L., Vleminckx, C., & Schiffers, B. (2017). Risk assessment of florists exposed to pesticide residues through handling of flowers and preparing bouquets. International journal of environmental research and public health, 14(5), 526.
Volpato, Benegiamo, Ellena (2022), The long reach of commodity frontiers: social reproduction and food procurement strategies among migrant workers in Kenya’s flower farms, The Journal of Peasant Studies, 10.1080/03066150.2022.2051492, (1-23).
Xia, Y., Deng, X., Zhou, P., Shima, K., & Teixeira da Silva, J. A. (2006). The world floriculture industry: Dynamics of production and markets. Floriculture, ornamental and plant biotechnology, 4, 336-347.
Yi-Chen Lan, Vivian WY. Tam, Weiqi Xing, Rina Datt, Zhonghua Chan, (2022), Life cycle environmental impacts of cut flowers: A review, Journal of Cleaner Production,Volume 369.