Des fleurs coupées en hiver à Grand-Métis: le quasi miracle expliqué

En novembre dernier, Skot et moi on a vous dévoilé un énorme projet sur lequel on travaille depuis des mois : Faire pousser des fleurs d’ici, même l’hiver! On a tant attendu beaucoup avant d’en parler. Je pense qu’une partie de nous y croyait pas encore tellement c’était proche de la fiction.

Tulipes récoltées en hiver à la Ferme Pastel, imaginée et linogravée par l’artiste Karen Golden

Aujourd’hui, je te partage les détails croustillants qui fait du projet une réalité, incluant le pourquoi on a décidé d’aller de l’avant avec les fleurs coupées hivernales, quelles fleurs ont fait présentement pousser, comment on le fait, d’où vient notre système de biomasse et comment tu pourras te procurer ces beautés nordiques cet hiver.

D’où vient cette folle idée de faire pousser de fleurs en hiver ?

L’idée de fleurs hivernales a germé en janvier dernier. Il y a un an. Durant ce même mois, les planètes se sont alignées et se sont mis presque miraculeusement devant nous les quatre piliers de notre projet :

  • le besoin en fleurs d’ici - Les Producteurs en serre du Québec dévoilaient le rapport de l’étude sur les fleurs coupées vendues au Québec et le fait que 5% d’entre elles étaient produites ici seulement. Sachant l’impact environnemental des fleurs importées et chimiquement traitées, faire partie de la solution davantage nous a beaucoup interpellé.

  • les connaissances techniques - On a entendu parler de deux floricultrices au Maine qui forçaient des milliers de tulipes l’hiver avec succès depuis déjà quelques années. Emily Von Trapp et Linda D’Arco partageaient maintenant leur connaissance dans un cours en ligne : The Tulip Worksphop. On a pris de le cours!

  • la ressource matérielle - Mon frère nous a parlé de cette nouvelle technologie de fournaise qui chauffe des copeaux, qui sont en fait des déchets de la forêt. Il devenait distributeur clé en main de cette même compagnie. 

  • les ressources financières - Des subventions du Ministère de l’environnement et du Ministère de l’agriculture étaient disponibles pour les systèmes de chauffage écologique, à une hauteur de 70%.

Ces quatre données-là, ajoutées à notre mission d’apporter de la joie par les fleurs, tout en prenant soin de la planète a été pour nous un ‘‘Ok, on va au moins regarder comment on peut le faire financièrement et techniquement parlant’’.

Sans trop y croire, on a fait faire une soumission par Pelletier Bioénergie pour la fournaise, l’installation et l’approvisionnement en copeaux. Pelletier Bioénergie c’est une nouvelle entreprise dans la région qui se spécialise dans l’énergie renouvelable. Et qui a démarré cette belle entreprise: mon grand frère! William reprend l’entreprise forestière et agricole de mes parents, laquelle a un système de chauffage comme le nôtre. Il aime tellement son système de chaleur qu’il a décidé d’aider les producteurs agricoles et autres organisations à faire un virage écologique dans leur besoin de chauffage.

Les plans d’ingénieur ont commencé pour l’évaluation de nos besoins énergétiques et on a eu la soumission finale : 180 000 $ avec possibilité de 70% de subvention. Avec ces chiffres, on est allé voir notre conseillère en entreprise, Farah, chez Mitis en Affaires et on travaillé les prévisionnelles.

La question financière était la suivante : Est-ce qu’avec 70% de subvention, on arriverait à tout de même produire ET vendre assez de fleurs pour rendre le projet rentable donc durable, et ce, en incluant des salaires décents pour notre famille et nos employé.es?

Révélation: Avec les nouveaux coûts des intrants, le projet allait pas seulement aider Pastel à fleurir mais, il était nécessaire à la pérennité de la ferme.


Je vais pas entrer aujourd’hui dans les enjeux politico-économiques de notre système agricole qui explique pourquoi les fermes en bonne croissance en ‘‘arrache’’ quand même. Je vais simplement dire que selon les prévisions financières, pour que Pastel demeure en fonction après 2024, il fallait de tout de même beaucoup augmenter les revenus, fleurs hivernales ou non.

Convaincus plus que jamais que les fleurs locales et saines font une différence pour la vie des gens autour de nous, convaincus que c’est la meilleur façon pour Skot et moi d’aider à diminuer la crise climatique, on a fait le saut.

Alors, nous voilà, quatre demandes de subvention, un prêt, six mois de chantier et une campagne de sociofinancement plus tard, Pastel a maintenant ce dont il a besoin pour être durable, tant sur le plan économique, sociale qu’environnemental. Merci Univers!

 

Quelles fleurs coupées vont être disponibles l’hiver?

La question! D’abord, des tulipes et d’autres plantes à cormes ou à bulbes comme les renoncules, les anémones et les lys.

Et… c’est là que notre projet se distingue de ce qui se fait plus couramment en ce moment dans le monde de la floriculture de petites surfaces, au Québec notamment. On va aussi avoir des fleurs qui se cultivent à partir de la graine en hiver. Ce qui nous permet de faire ça, c’est surtout le chauffage à la biomasse dans notre grande serre conventionnelle en où on cultive en pleine terre. En ce moment, ce sont plus de 300 plantes regroupées sous 10 espèces qui y poussent. On y retrouve entre autres l’eucalyptus, les matricaires et les delphinelles. Je te tiens au courant avec plaisir dans les prochaines semaines de comment ces tests se déroulent.

 

Le système de chauffage à la biomasse, il vient d’où ?

Le système de chauffage à la biomasse qu’on a installé à la ferme est une technologie qui vient d’Autriche. La compagnie s’appelle Hargassner. La compagnie qui nous a vendu le produit, l’installation et l’approvisionnement en copeaux pour les 5 prochaines années est Pelletier Bioénergie. On est chanceux, on est donc assuré d’avoir des déchets de la forêt pour chauffer nos serres et ils proviennent d’à 20 minutes de notre ferme.

En quoi ce système est différent d’un système au propane, ou encore d’un système à la biomasse conventionnelle?

L’écoperformance les ami.es! Notre chaudière est répertoriée comme étant la plus performante au monde sur le plan des émissions. C’est important, même que dans notre MRC, les fournaises à grosses buches aussi appelées biomasse sont interdites comme leurs émissions post-brûlis dépassent les normes environnementales en vigueur.

Par ailleurs, les copeaux brûlés en ce moment sur notre ferme sont en fait des déchets de la forêt, comme des branches d’arbres et des croutes de moulins à scie. Notre fournaise nous permet de revaloriser ce qui autrement est considéré comme un déchet. De plus, si on avait chauffé notre grande serre au propane, on aurait émis 72 tonnes de gaz à effet de serre par année. Ceci correspond à la consommation de 34 voitures de type Toyota Corolla réunies pendant un an. On aurait jamais chauffé au propane, et heureusement pour notre planète, peu de gens se résigne à le faire au Québec pour des raisons environnementales mais aussi économiques, d’où la particularité du projet. Chauffer une serre comme la nôtre couterait 43 000 $ de propane par an et ce prix augmenterait continuellement au fur et à mesure que la taxe carbone être prévue augmentée au pays.

Comme la biomasse est une énergie propre et circulaire, ça devient logique de faire pousser des plusieurs sortes de fleurs localement même en hiver au lieu de les importées. 

Bref, la biomasse est issue d’un déchet. Elle nous permet de réduire notre dépendance aux bulbes importées, elle nous permet de fournir des fleurs à un moment de l’année où notre communauté en a le plus besoin, en plus de rendre PASTEL plus durable sur tous les plans : économique, humain et environnemental.

On est super content d’avoir fait le saut, de prendre ce risque calculé et tout de même énorme pour notre petite ferme. Merci d’y croire avec nous!

Spécifiquement, comment on fait pour avoir des tulipes en hiver?

Les fleurs sont issues de la nature, elles sont magiques et vivantes. Chaque bulbe de tulipes a en elle une horloge biologique qui lui dit, en fonction du temps passé à une certaine température, le moment où c’est le temps pour elle de fleurir. Généralement une tulipe doit passer environ 16 semaines au froid, c’est-à-dire à au moins 5 degrés Celsius avant de recevoir le signal de sortir de sa dormance. Comme un ours.

Sur notre ferme florale, on place les tulipes d’hiver bas des bacs remplis de terreau humide. On les empile dans leur ‘‘grotte’’, soit la chambre froide à 5 degrés. Quand le temps est venu, on fait croire à nos tulipes que le printemps est vraiment là. On les place dans notre pépinière isolée et chauffée. Elles sont ainsi au soleil et au chaud à 18 degré durant tout le dernier mois de leur croissance avant de donner une magnifique fleur. Autrement dit, pour nos tulipes, le printemps est là exactement quand elles le souhaitent!

Où et quand tu vas pouvoir acheter les fleurs de la Ferme Pastel ? 

Tulipe forcée en serre prête pour la récolte

Je réponds ici à la question qui brûle toutes les lèvres. Quand est-ce que les premières fleurs vont être prêtes? Possiblement pour la St-Valentin. On a eu bien des défis côté installation.  Si c’est pas le exactement le 14 février, ça sera assurément pour la fin de semaine d’après.

Les premières fleurs vont être dispos auprès des personnes inscrites à l’abonnement floral PASTEL en premier. Et ensuite, aux fleuristes et aux épiciers de la région.

Les inscriptions pour l’abonnement floral ouvrent le lundi 29 janvier 2024 à 9h. On est entrain de finaliser les derniers détails. Bien hâte de te présenter le calendrier Abonnement Pastel 2024 et ses nouveautés florales. Je t’en parle dans mon prochain blogue.

En finissant, je tiens à remercier encore une fois tout le monde qui a contribué directement ou indirectement à notre campagne de sociofinancement. Skot et moi sommes encore sur notre nuage. Merci du fond de nos cœurs.

P.s.: Tellement hâte de voir vos t-shirts!

Article par Ora-Maggie, copropriétaire de la Ferme Pastel

Photos par Atelier Camion, Nancy Guignard et Ferme Pastel

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